Des recherches récentes ont mis en évidence l’influence d’événements météorologiques extrêmes sur les microorganismes marins. L’impact de ces évènements sur la physique et la biogéochimie marine est difficile à évaluer en raison de la complexité de collecter des données a haute fréquence in situ.
En mai 2019, une intense tempête s’est produite en mer Ligure (Méditerranée nord-ouest) et a été perçu lors de la campagne FUMSECK [1]. Des mesures in situ multiplateformes [2] , ainsi que des données satellitaires et un modèle atmosphérique 3D ont été utilisés pour examiner la couche de surface impactée. La couche de surface a été marquée par une baisse de la température de l’eau (moins 1°C), une multiplication par 2 de la chlorophylle-a de surface, et par 7 de la concentration en nitrates.
Les résultats de l’équipe scientifique impliquant des scientifiques du CNRS-INSU (voir encadré), montrent que cette tempête a entraîné un approfondissement de la couche de mélange c’est-à-dire la couche de surface homogène, de 15 à 50 m et une dilution du maximum profond de chlorophylle. La biomasse de surface de la plupart des groupes phytoplanctoniques a été multipliée par 2. À l’inverse, le rapport carbone/chlorophylle de la plupart des groupes phytoplanctoniques a été divisé par 2, mettant en évidence des changements dans la composition cellulaire du phytoplancton.
Ces résultats suggèrent que le rôle des tempêtes sur le phytoplancton en mer Méditerranée peut être sous-estimé et soulignent le besoin de mesures à haute résolution couplant physique et biologie lors de ces événements.
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Illustration des eaux nouvellement mélangées par la tempête (correspondant au fond cyan) et de leur environnement direct (correspondant au fond jaune), en termes de température de surface, de salinité et de biomasse par groupe de phytoplancton. Le panneau (a) présente la variation de la salinité de surface (points bleus) et de la température de surface (points orange). Le panneau (b) montre la variation de la biomasse en surface pour les groupes planctoniques Redpicoeuk (ligne orange), Orgpicopro (ligne rouge) et Orgnano (ligne verte). Le panneau (c) présente la variation de la biomasse en surface pour les groupes phytoplanctoniques Rednano (ligne violette) et Redmicro (ligne noire). Les couleurs des étiquettes de l’axe vertical indiquent la courbe associée. De même, les étiquettes et les titres écrits en deux couleurs différentes indiquent que deux courbes sont associées au même axe.
Crédit : BioSWOT_Adac (CNES) et FUMSECK-vv (INSU LEFE)
Stéphanie Barrillon, Chercheuse CNRS à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie (MIO)